#8 le premier cri
hier soir, sur l'initiative de l'asbl alternatives, la projection du film de gilles de maistres, le premier cri.
partout dans le monde, dans différents contextes socio-économico-culturels, des enfants naissent. de tout temps des enfants sont nés. de tout temps des enfants naîtront. ce film donne à voir des femmes en fin de grossesse, qui par le miracle de la vie inscrit dans nos gênes, mettent au monde sur le sable, dans une cahute, dans l'eau, dans un hôpital, leur enfant. avec une empreinte plus ou moins importante du corps médical.
certaines naissances viennent réveiller le mammifère en nous : tout semble naturel, la femme fait ce qu'elle a à faire en écoutant son corps et en se laissant guider par ses aînées qui avant elle ont donné la vie. d'autres sont révoltantes d'inhumanité : ah comme j'aurais voulu être près de cette femme sibérienne à qui l'on impose une césarienne loin des siens, et à qui on retire son bébé dès qu'il est sortit de son ventre, sans même le lui montrer...
rien n'est plus naturel pour une femme d'accoucher... et pourtant... combien d'entre nous sommes frustrées et blessées? en tout cas moi je le suis. parce que je me suis laissée faire*. parce que j'ai accordé davantage de crédit à la parole de personnes "plus savantes" que moi au lieu d'écouter ce que me disait mon corps. parce que je ne savais même pas comment mon corps pouvait travailler de concert avec mon bébé. qui m'a dit : "tu es une femme, la nature a tout prévu, des hormones, un squelette, des articulations, pour que ton bébé naisse, tu vas y arriver, parce que c'est dans l'ordre des choses."? qui?
comme pour notre alimentation, la manière dont nous nous soignons, il faut oser aller chercher l'information ailleurs, puisque la transmission ne se fait plus de femme à femme. oser apprendre comment fonctionne notre corps. oser se positionner et proposer une autre voie que celle imposée par notre médecin ou notre sage-femme. oser exister! il est long, ce chemin vers la confiance dans notre nature animale qui sait et sent ce qui est bon, guidée par des personnes bienveillantes.
et quand la nature ne semble pas suivre sa pente habituelle, oser demander qu'on nous explique plutôt qu'on fasse derrière notre dos.
ces femmes filmées avec beaucoup de pudeur, dans le feutré de la nuit, ou au soleil d'une plage mexicaine, ont provoqué chez moi des émotions que j'attendais, mais que je ne pensais pas si incontrôlables. elles venaient de si loin ces larmes... des peurs ancestrales de la proximité de la vie avec la mort. du mystère de la vie qui me dépasse. de cette force incroybale que je pressens en moi et à laquelle il faut s'abandonner. de cette vulnérabilité qui m'habite aussi, toute démunie que je suis devant ce qui m'attend...
{je parle évidemment de grossesses qui ne mettent en danger ni la vie de la mère, ni la vie de l'enfant... ça va sans dire mais ça va mieux en le disant...
ce post est un peu long... vous m'excuserez, mais je suis un peu bourrée d'hormones - naturelles-...}
quelques lectures pour se réapproprier sa grossesse et son accouchement :
# une naissance heureuse, d'isabelle brabant
# la naissance, un voyage - l'accouchement à travers les peuples, de murielle bonnet del valle
* je ne m'en veux pas de m'être "laissée faire". c'est juste ce que je pouvais faire au moment où ça se passait.